Les rêves : une possibilité de comprendre la réalité tangible

 

Les rêves : une possibilité de comprendre la réalité tangible

 

Si je dors ou si je suis éveillé, si un mort rêve qu’il est vivant ou un vivant, je rêve qu’il est mort. (Abstraction. Julio Flórez)

 

Introduction

 

La nuit implique l’incertitude, l’obscurité et la densité comme les rêves. Par ailleurs, dans cet état onirique, on peut filtrer des désirs, organiser des souvenirs et représenter notre vie. Le surréalisme a été un mouvement impulsé par André Breton à partir des théories de Freud sur l’inconscient, ceci concerne aux exercices d’écriture automatique de plusieurs artistes à l’époque. L’activité cérébrale, encore en état de repos, ne cesse pas de fonctionner, car la pensée n’est pas une sorte de fragment discontinu. En outre, pour ce mouvement, le rêve représente un état de liberté sans entrave qui censure l’activité créatrice ou artistique. Dans cette mesure, les rêves rendent possible la compréhension de la psyché humaine car ils représentent notre vie quotidienne.

 

Ce qui précède sera soutenu par la lecture du Premier manifeste surréaliste d’André Breton et, entre autres, le texte Le promontoire du rêve de Victor Hugo. Dans un premier temps, le concept de rêve se développera à partir de la lecture du Premier manifeste surréaliste, car ce texte souligne l’importance de cet état dans la vie de l’homme. Le livre de Victor Hugo illustre ensuite une scène de contemplation de la nuit et de sa relation avec les rêves. En outre, sera utilisé un poème du mouvement surréaliste intitulé Vers la nuit de Philppe Soupault. Enfin, seront prises en compte quelques considérations du texte L’interprétation des rêves Sigmund de Freud, car leurs études sont pertinentes pour comprendre la relation de psyché humaine dans les rêves.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Développement

 

Existe une réalité supérieure à celle imposée par la société ; au-delà des frontières de l’imagination et de la tradition logique empirique. L’expression du subconscient est une libération de la rationalité et de la dictature des constructions sociales. Ceci est lié à ce que le  surréalisme est basé sur la croyance de la : « omnipotence du rêve, dans l’activité désintéressée de la pensée » (Breton. 2002. p, 44) En outre, cet auteur propose que le rêve et l’état de veille constituent une seule réalité, c’est-à-dire que on possède une vision fragmentée de la vie en raison des limites imposées par la mémoire.

 

En suivant ce qui précède, la pensée depuis l’instant de notre conception jusqu’à la mort est une sorte de discontinuité. Dans cette mesure, il faut tenir compte que sur les vingt-quatre heures de notre journée, quarante pour cent sont consacrés à l’état de repos. C’est-à-dire que ce pourcentage est important pour la construction de nos pensées. André Breton (2002) affirme que la somme totale des moments de sommeil n’est pas inférieure à la somme des moments de veille, puisque le rêve est continu; constitué par une organisation ou une structure. La seule chose qui empêche cette perception, c’est la mémoire, car on oublie tout à coup ce qu’on rêve la nuit d’avant.

 

En outre, est courant de ressentir un état de désorientation après un sommeil profond : « (…), je suis obligé de le considérer comme un phénomène d’interférence. Et il n’est pas seulement arrivé que l’esprit montre, dans ces conditions, une étrange tendance à la désorientation » (Breton. 2002. P, 28) en d’autres termes, lorsque on rêve, on a le sentiment que notre ‘esprit dans son fonctionnement normal se limite à on obéir puisque on est subordonnés aux désirs du subconscient.

 

Dans cette mesure, le sommeil transforme l’homme en marionnette de sa mémoire, car dans cet état apparaissent, des désirs, des craintes et des passions réprimés dans l’état de veille. L’homme au réveil de ces chimères a l’idée de : «  (…) entreprendre quelque chose qui en vaut la peine. C’est pourquoi le sommeil est relégué à l’intérieur d’une parenthèse, tout comme la nuit. Et, en général, le sommeil, comme la nuit, est considéré comme insignifiant » (Breton. 2002. p, 27) d’après cela, on ne donne pas d’importance à ce qu’on rêve, parce que on pense qu’on arrêter sur son analyse est perdre du temps, puisque on croit toujours que votre étude doit être guidée par la métaphysique et la superstition.

D’un autre côté, la signification de cet état onirique et sa relation avec la nuit peut être trouvée dans un texte de Victor Hugo où un personnage monte dans une tour pour admirer la beauté de la lune. Ce personnage, dans l’obscurité de la nuit parisienne, évoque différentes dénominations que l’homme a données à ce satellite, car son importance transcende également le domaine de l’évocation des rêves. Au milieu de ces réflexions, le personnage exprime que : « Nous passons notre vie à avoir besoin de révélations. A chaque instant, nous avons besoin de la secousse du réel » (Hugo.2007. p.35) ceci lié aux évocations des rêves sur notre vie. Plus tard, le personnage de façon poétique énonce l’impression sur-accueillante de la lune et son influence avec les mystères des rêves.

 

Enfin, ce personnage est hypnotisé par la présence de la lune au point de ne pas savoir si sa vie est réelle ou onirique. Ce sujet perçoit que la réalité est une sorte de retaillèrent puisqu’il énonce qu’il ressentait une perte de conscience : «  (…) Et pourtant, le réel était là. Il touchait les rides de mon costume, et oui, c’était moi. Eh bien, c’était aussi là. Ce rêve était une terre » (Hugo. 2007, p., 35) Enfin, est à noter que Victor Hugo et André Breton partagent cette idée surréaliste du rêve et de la nuit, car tous deux dans différents textes expriment leur intérêt pour l’étude de ces thèmes.

 

Un autre point important, c’est que pendant notre sommeil, on a l’impression d’être omnipotents, car des désirs et affleurent craintes réprimées. Parfois, on rêve qu’on vole, qu’on connaît à cette personne désirée, ou qu’on a en paix. Mais cela se mélange aussi avec nos peurs et nos traumatismes les plus profonds. La prévalence de ces deux opposés est aléatoire puisque on ne choisit pas de quoi rêver. Dans cette mesure, Breton affirme que l’analyse de la veillée et du sommeil pourrait aboutir à une : « future harmonisation de ces deux états, apparemment si contradictoires, qui sont le rêve et la réalité, dans une sorte de réalité absolue, dans une surréalité ou une surréalité, si on peut l’appeler » (Breton, 2002, p, 30-31) puisque le surréalisme a la genèse de donner naissance à ce qui semble absurde et amorphe ; des rêves

 

Ce qui précède, peut être vu sous le regard poétique de la poésie, puisque ce genre lyrique a fait partie de l’écriture automatique proposée dans le surréalisme. Le prochain extrait du poème Vers la nuit, est un exemple de la pertinence des mystères du rêve dans la vie de chaque personne :

 

(…) Mais ce cri qui porte le vent et pousse vers l’avant vient d’un endroit au-delà du rêve.

Je n’attends personne, mais voici la nuit couronnée par le feu des yeux de tous les morts silencieux.

Et tout ce qui devait disparaître doit être retrouvé (…) (Philippe Soupault)

 

Le moi lyrique de ce fragment affirme que seul dans la conjugaison du sommeil et de la nuit que l’on peut reconstruire le passé puisque la mélancolie des souvenirs assaille constamment. L’obscurité favorise le sommeil car elle décrit un souvenir chargé d’images qui aboutissent à comprendre la perte de ne pas se souvenir de ses rêves. Pour ce poème la nuit et le rêve dans un moyen d’évocation de désirs et de souvenirs du passé qu’on ne veut pas oublier.

 

Pour mieux comprendre le rôle des rêves dans la psyché humaine, il faut tenir compte des études de Sigmund Freud, car ce médecin a donné une importance scientifique aux rêves. C’est parce que son analyse était reléguée au domaine de la superstition populaire. Il faut noter qu’André Breton s’est intéressé à ses postulats sur la psychologie des rêves. Le livre L’interprétation des rêves a fait le lien entre la science et le monde onirique, car ce texte affirme qu’une grande partie de la composante mentale est influencée par le subconscient. Selon Freud : « Les rêves sont le premier maillon d’une série de formations psychiques (...) leur valeur est plus théorique que pratique et peuvent nous aider à expliquer la genèse des phobies, névroses et idées obsessionnelles » (Freud. 2013 p.11)  c’est-à-dire que dans chaque rêve, il possède un sens ainsi que nos pensées dans l’état de veille.

 

Les rêves étant l’expression du subconscient sont motivés par les désirs et les craintes du passé de chaque personne. Ce sont donc des tentatives de l’inconscient de satisfaire ce qui n’a pas été réalisé de manière ‘consentante : « Les rêves sont régis par les mêmes lois psychologiques qui règnent dans la vie éveillée » (Freud. 2013. p,84) Dans cette mesure, on ne contrôle pas notre propre esprit, mais cela ne signifie pas que ce qu’on rêve n’a pas un sens qui puisse être saisi pour son étude. Ça sert à soigner les maladies métalliques ou à comprendre le comportement de l’homme. Freud indique également que les rêves sont des ségrégations de pensée étouffées ou réprimées et qu’en privant une personne de la possibilité de :

 

(…) rêver provoquerait en peu de temps une perturbation mentale, car dans son cerveau s’accumulerait une masse de pensées inachevées, sans fin de pensée, et d’impressions insignifiantes, sous le poids duquel serait étouffé ce qui, à la fin de tout, devait être incorporé à la mémoire( 2013. p,98)

 

De cette façon,  prête le rêve  la somatisation des fardeaux du subconscient ; en possédant une force curative. Freud (2013) indique que les rêves sont des désirs lâches qui n’osent pas se manifester dans la journée. Ce sont des ombres qu’on rejet mais qui font partie des recoins les plus sombres de notre âme.

 

Le postulat de Freud est étroitement lié à certaines affirmations d’André Breton dans son Manifeste, car il affirme que : « (…) les rêves rêvés par une personne dans la même nuit sont toujours liés les uns aux autres et représentent un tout unitaire » (Freud. 2013, p. 342) La psychologie montre que ce qui est proposé par les surréalistes n’est pas une utopie, car il correspond à la vision fragmentée de la vie défendue par ce mouvement.

 

Enfin, lorsque quand on se réveille, on a parfois l’impression que les rêves sont un feuillage sombre chargé d’épisodes incohérents. A ce propos, Breton (2002) prend comme exemple cette position d’images, sans sens apparent, pour signaler que le poète Saint-Pol-Roux faisait apposer à sa porte, dans la nuit, une pancarte qui disait : LE POETA TRAVAILLE. C’était parce que dans cet état, la création poétique et l’écriture automatique créaient un environnement propice à la création surréaliste. La logique et la rationalité ont établi certaines limites, car l’activité onirique a été négligée pour comprendre l’action humaine. Mépriser cela, c’est ignorer la nature de l’homme, car on : « a établi des limites à l’expérience elle-même. Elle tourne dans une cage dont il est de plus en plus difficile la faire sortir » (Bretón. 2002. p,26)

 

 

Conclusion

 

En conclusion, dans les profondeurs de nos rêves se trouve la compréhension de notre existence, car la vie quotidienne et la vie nocturne est indivisible; elles se conjuguent. La veillée est une fenêtre sur la compréhension de la psyché humaine, car on laisse  l’interprétation des rêves dans le domaine de la superstition. Le surréalisme en tant que mouvement artistique et les découvertes de Freud ont donné naissance à l’onirique. Ce mouvement a mis en évidence l’importance de la vie nocturne car les sens sont libres et ne sont pas bloqués par le rationalisme. Nos désirs et nos craintes les plus profonds s’infiltrent dans nos rêves, car notre subconscient satisfait nos passions refoulées. En fin de compte, pour comprendre notre existence, il faut scruter ce qu’on ignore; notre réalité est une fragmentation continuelle effacée par la mémoire.

 

Références bibliographiques

 

Breton, A. (2002) Premier manifeste surréaliste. Société Nouvelle des Editions Pauvert, Paris

Freud, S (2013) L’interprétation des rêves. Éditeur numérique : Yorik ePub base r1.0. Vienne.

Hugo, V. (2007) Le promontoire du rêve. Editions victroia Cirlot. France

Poèmes : Soupault. S. Vers la nuit.

               Floréz, F. Abstraction

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